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lui qui ne veut pas entendre. Que le sang répandu retombe sur ta tête.

— Amen ! de tout mon cœur ! chère petite, dit-il en riant.

Et passant devant la jeune fille, il se dirigea à grands pas vers le salon où se tenaient les deux dames ; Fleur-de-Mai le suivit machinalement. En apercevant le Chat-Tigre, les dames se levèrent ; le bandit salua respectueusement, et s’inclinant devant la duchesse :

— Madame, lui dit il, daignerez-vous m’accorder un entretien particulier de quelques minutes ?

— Un entretien particulier, monsieur ? répondit la duchesse avec hésitation ; je n’ai rien à entendre de vous, que ne puissent entendre les personnes qui m’accompagnent.

— Je vous demande pardon d’insister, madame ; mais il est indispensable que ce que j’ai à vous dire ne soit entendu que de vous seule et de moi.

— Monsieur, je ne comprends pas.

— Oh ! vous n’avez rien à redouter de ma part, madame ; je me souviens que j’ai été gentilhomme ; quel que soit le résultat de cet entretien, je ne sortirai pas vis-à-vis de vous des bornes du plus profond respect ; je vous en donne ma parole ; mais je vous le répète, madame, il est indispensable que nous ayons cet entretien. J’ajouterai, madame, qu’il est de votre intérêt que ce que nous dirons ne soit pas entendu par d’autres.

Fleur-de-Mai fit alors un pas en avant.

— Accordez à cet homme ce qu’il vous demande, dit-elle ; ne redoutez rien de lui. Votre fille et moi, nous nous tiendrons dans le salon voisin ; tout en demeurant ainsi hors de la portée de la voix, nous ne vous perdrons pas un instant de vue.

La duchesse sembla réfléchir pendant un instant, puis enfin, elle releva la tête et fixant un clair regard sur le Chat-Tigre :

— Cet arrangement vous convient-il, monsieur ? lui demanda-t-elle.