Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous, quand tout sera terminé, vous vous retirerez sans être inquiétés ; nous voulons vous prouver que nous sommes loyaux.

— Je vous remercie au nom de mes compagnons, monsieur le duc, nous acceptons les otages ; quant à l’assurance que vous nous donnez de ne pas être inquiétés, nous n’avons aucune crainte à ce sujet ; je plaindrais ceux qui essaieraient de nous retenir. Mais je ne veux pas faire de rodomontades et imiter en ceci vos compatriotes ; aussitôt nos affaires terminées nous nous retirerons.

Ainsi que cela avait été convenu, les otages furent donnés, et le transport des lingots commença, non-seulement sous la surveillance du capitaine David, mais encore sous la protection beaucoup plus efficace, de cinquante flibustiers commandés par Michel le Basque.

Les Espagnols demeurèrent l’arme au pied, formés en bataillon carré sur la grande place ; de leur côté les flibustiers continuèrent à occuper tous les postes dont ils s’étaient emparés.

L’Olonnais n’avait pas osé intervenir pendant tout le temps qu’avaient duré les négociations, cependant il était en proie à une anxiété terrible ; il se figurait que tous ces délais accroîtraient encore les dangers auxquels les deux dames étaient exposées. Il se contenait donc à grand’peine ; mais dès que l’entrevue fut terminée, il s’élança vers le duc qui venait de prendre congé de Vent-en-Panne et se préparait à se rendre sur le môle ; mais Vent-en-Panne arrêta le jeune homme au passage pour l’embrasser et se féliciter d’être arrivé assez à temps pour le sauver. L’Olonnais répondit de grand cœur aux embrassements de son matelot ; mais après l’échange de quelques paroles, celui-ci ne tarda pas à s’apercevoir de l’état de surexcitation du jeune homme.

— Que se passe-t-il ? pourquoi es-tu agité ainsi ? lui demanda-t-il.

L’Olonnais jeta un regard autour de lui ; le duc avait disparu.