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— Oui, l’Olonnais, murmura doña Violenta d’une voix étouffée.

— Ne trouves-tu pas, comme moi, qu’il est grand et généreux ? reprit Fleur-de-Mai, si tu l’avais vu ce matin, lorsque, seul contre cinquante Espagnols qui le menaçaient de leurs armes, il les dominait par la force de son regard, et les contraignait à se courber devant lui !

— Tu l’aimes bien, l’Olonnais, n’est-ce pas ? dit doña Violenta en jetant sur Fleur-de-Mai un regard interrogateur, à travers ses longs cils de velours.

— Si je l’aime ! s’écria-t-elle, oui, je l’aime ! plus qu’un frère ! plus qu’un ami ; je ne vis que par lui et pour lui ; aussi lorsque cette nuit, j’ai appris qu’il était prisonnier, j’ai voulu le voir ; Dieu m’a protégée, j’ai réussi à m’introduire dans sa prison.

— Seule ?

— Oui !

— Et tu n’as pas craint ?

— Qu’avais-je à craindre ? répondit simplement Fleur-de-Mai, puisque j’étais auprès de l’Olonnais ? penses-tu qu’il ne m’aurait pas protégée, si l’on eut essayé de me faire quelque insulte ?

— Tu as raison, Fleur-de-Mai ; en effet, tu n’avais rien à craindre ni de lui, ni de personne ; ta pureté et ton innocence te faisaient un bouclier invulnérable. L’Olonnais sait-il que tu as pour lui cette profonde affection ? demanda doña Violenta d’une voix de plus en plus hésitante.

— Oui bien, il le sait ; pourquoi le lui aurais-je caché ? je le lui ai dit ; ne devais-je pas le faire ?

— Si, en effet, tu devais le faire ; qu’a-t-il répondu à cet aveu ?

— Un aveu ? je n’avais rien à lui avouer. Je n’ai jamais menti, moi ! lorsque cette nuit, je suis entrée dans sa prison, il dormait ; en me reconnaissant, il a souri : Toi ici, Fleur-de-Mai ? m’a-t-il dit. Pourquoi es-tu venue ? — Pour te sauver ou mourir avec toi, ai-je répon-