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rive des visites ? voyons un peu à qui nous allons avoir affaire ?

Son attente ne fut pas longue, à peine achevait-il de parler que deux hommes parurent.

Ces deux hommes, armés jusque aux dents, marchaient avec une précaution extrême ; sept ou huit engagés les suivaient à distance.

— Eh ! fit le flibustier, Montbarts et Montauban ! ils sont en avance, il me semble ; ou bien aurions-nous par hasard dormi trop longtemps, et me tromperais-je sur l’heure ? cela serait singulier ! enfin attendons.

Montbarts et Montauban, les deux célèbres chefs de la flibuste, dont l’un au moins est déjà connu du lecteur, continuaient à s’avancer ; mais en redoublant de précautions, au fur et à mesure qu’ils approchaient de l’endroit, où Vent-en-Panne et ses compagnons étaient campés.

Lorsqu’il les vit assez proches de lui, le vieux frère de la Côte se décida à se montrer ; les arrivants négligèrent alors toutes précautions et marchèrent résolument en avant ; il ne leur fallut que quelques minutes pour rejoindre leurs amis ; les compliments furent brefs ; ce n’était pas une visite de cérémonie, mais un rendez-vous d’affaires ; les flibustiers étaient en expédition.

— Quoi de nouveau ? demanda Montbarts.

— Rien ; nous sommes arrivés à onze heures du matin ; rien n’a bougé autour de nous.

— Bon ! les Gavachos ne se méfient pas alors ! fit le capitaine Montauban, charmant jeune homme de vingt-cinq ans au plus, aux manières exquises, aux traits fins et aristocratique, et dont la physionomie avait une rare expression de douceur féminine. Cordieu ! nous allons avoir une belle camisade, on pourra jouer des couteaux !

— Allons ! allons ! Montauban, lui dit en souriant Montbarts, calme-toi un peu. Tudieu ! comme tu prends feu, compagnon !