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II

COMMENT LES BOUCANIERS TENTÈRENT UNE CAMISADE CONTRE SAN JUAN DE LA MAGUANA ET CE QUI EN ADVINT

Il était près de trois heures de l’après-midi ; cependant les deux flibustiers et leurs engagés dormaient encore aussi profondément que s’ils n’eussent jamais dû se réveiller.

Qui sait pendant combien de temps encore ce sommeil se serait prolongé, si tout à coup les Venteurs, qui eux, ne dormaient pas heureusement, n’avaient comme d’un commun accord, non pas donné de la voix, mais simplement poussé une plainte étouffée presque insaisissable ; on aurait cru que les braves bêtes comprenaient de quelle importance il était pour leurs maîtres de ne pas trahir leur présence.

Cependant si faible que fut cette plainte, elle suffit pour éveiller des hommes auxquels la continuelle appréhension de dangers terribles tenait, même dans le sommeil, l’esprit en vedette.

— Eh ! qu’y a-t-il, Monaco ? demanda Vent-en-Panne, à l’un des Venteurs, dont les yeux animés d’une expression presque humaine étaient fixés sur lui.

L’intelligent animal remua la queue et pointa le museau dans la direction de l’étang de Riquille, en grondant sourdement, mais cependant d’une façon toute amicale.

— Ah ! ah ! fit Vent-en-Panne, il paraît qu’il nous ar-