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gue hésitation de votre part, constituerait pour moi une grave insulte.

— Telle ne saurait être ma pensée, monseigneur. Veuillez donc m’excuser si, malgré moi, j’ai employé une expression qui vous a paru choquante.

— En ce moment, monsieur, la seule chose dont je puisse me choquer, est l’hésitation que vous mettez à me faire connaître ce dont il s’agit ; je vous prierai donc de venir au fait.

— Soit, monseigneur ; on prétend que Votre Excellence au mépris de la position élevée où l’a placée S. M. le Roi, a contracté avec les Ladrones de l’île de Saint-Domingue, une alliance défensive et offensive ; dans le but de se faire aider par eux, à renverser le gouvernement espagnol dans les Indes ; se faire proclamer roi et se déclarer indépendant.

— Est-ce tout ? répondit le duc en haussant les épaules avec dédain.

— Non, monseigneur ; on va plus loin ; on affirme que les Ladrones font en ce moment de grands armements et qu’ils se préparent à débarquer incessamment à la Vera-Cruz, où suivant vos conventions, ils doivent se joindre à vous.

— L’on ne dit rien de plus ?

— Non, monseigneur ; j’attends maintenant la réponse que vous daignerez me faire.

— Señor capitaine ; répondit le duc avec un froid mépris, à une telle accusation, il ne saurait être fait de réponse ; elle tombe et doit tomber d’elle-même ; essayer de me disculper en la discutant, serait admettre la possibilité que je fusse coupable ; ce que je n’admets pas et n’admettrai jamais ; comment moi, appartenant à une des plus nobles et des plus anciennes familles de la monarchie espagnole ; grand d’Espagne de première classe, caballero cubierto, membre de la Toison d’or, je serais assez ingrat, assez fou, tranchons le mot, assez stupide, pour nourrir un projet aussi insensé que celui que mes ennemis me prêtent ! allons ce n’est pas possible, je ne