Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyez à votre droite ; c’est là que doit être placé le feu.

— Eh mais ! dit en riant David, c’est au pied même de cette pointe que s’ouvre la caverne dont j’ai fait mon habitation.

— Bah ! il serait possible ? voilà qui est singulier.

— Dame ! c’est facile à comprendre, orientez-vous ; vous reconnaîtrez que pendant notre marche sous bois, nous avons doublé l’ensenada et que nous sommes à présent de l’autre côté du cap, que nous avions auparavant à gauche.

— C’est parfaitement juste. Eh bien alors, compagnon, vous le voyez tout nous favorise ; la nuit est claire, et cependant sans lune ; nous voyons assez pour nous diriger, bien qu’à une certaine distance il soit impossible de nous apercevoir.

Tout en parlant ainsi, les deux hommes se chargèrent de bois sec, ce n’était pas un mince travail ; de transporter ce bois au sommet de la pointe, le chemin était long, difficile et rude, plus rude encore à cause de l’obscurité, mais aucune difficulté ne rebuta les hardis aventuriers ; en moins d’une heure tout le bois fut amoncelé sur le sommet du cap.

Les deux hommes s’occupèrent alors activement à confectionner un bûcher.

Lorsque le feu fut allumé, Pitrians jeta dessus le contenu d’une bouteille, dont il s’était muni à cet effet ; bientôt une flamme brillante se dégagea de la fumée et s’éleva vers le ciel, en illuminant la plage de lueurs fantastiques.

Les deux aventuriers après avoir disposé le bûcher, de façon à ce qu’il brûlât pendant plus d’une heure sans qu’il fût besoin de lui fournir d’autre aliment, quittèrent la pointe et s’embusquèrent sur la plage.

Pitrians s’arma alors d’une de ces longues vues de nuit, très-peu connues à cette époque et qui, avec la lunette de Galilée, n’avaient été inventées que depuis quelques années, et il inspecta la mer avec la plus sérieuse attention.