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mystère de notre entretien si pur, si fraternel ; ajouta-t-il avec un sourire de résignation, nos anges gardiens ont souri en l’écoutant.

— Oui, car nous parlions avec notre cœur.

— Il est important que madame la duchesse sache bien que, même malgré M. le duc, et quelle que soit la résolution qu’il prenne, vous avez près de vous des hommes qui veillent jalousement à votre salut et vous sauveront, fallût-il pour cela, faire de cette orgueilleuse cité un monceau de cendres !

— Oh ! monsieur, que dites-vous ? au nom du ciel ne parlez pas ainsi !

— Rassurez-vous, mademoiselle, votre père, j’en suis convaincu cèdera à vos prières ; répondit-il évasivement.

— Je suivrai votre conseil, monsieur, je ne veux pas avoir de secrets pour ma mère ; jusqu’à présent elle a connu toutes mes pensées, je veux que toujours elle les connaisse toutes ; permettez-moi de prendre congé de vous.

— Déjà ? murmura-t-il avec tristesse.

— Il le faut ; je ne suis demeurée que trop longtemps, la dueña qui m’accompagne doit être étonnée d’une si longue confession ; mes gens s’impatientent sans doute sous le porche de cette église ; la prudence exige que je rentre au palais.

— Que votre volonté soit faite, mademoiselle.

— Adieu, monsieur ; adieu, mon frère, dit-elle avec une émotion contenue.

— Au revoir, ma sœur chérie ; répondit le jeune homme d’une voix brisée.

— Adieu !

Ce dernier mot arriva comme un écho douloureux à l’oreille attentive du jeune homme.

Le verrou glissa dans sa gâche, la porte s’ouvrit, un froufrou soyeux se fit entendre, et ce fut tout. L’ange s’était envolé.

L’Olonnais demeura longtemps plongé dans d’amères