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répète, que la haine qu’ils m’ont vouée, ne m’est pas personnelle et remonte plus haut ; c’est une haine de famille, dont les racines seraient aujourd’hui impossibles à retrouver, si profondément qu’on creusât dans le passé.

— Raison de plus, M. le duc, pour ne pas commettre d’imprudences et vous tenir sur vos gardes ; si vous faites peu de cas de votre vie, il est de votre devoir, cependant, de ne pas la risquer follement pour un point d’honneur mal entendu et surtout de ne pas exposer madame la duchesse ni votre fille.

— Vous parlez, mon ami, avec l’inflexible logique de la raison ; tout ce que vous me dites est vrai et juste ; mais laissons quant à présent ce sujet ; j’ai besoin de réfléchir mûrement avant de prendre une résolution définitive.

— Un mot encore. M. le duc ?

— Dites, mon ami.

— Je vous ferai remarquer que dans cette ville, vous pouvez compter au moins deux hommes prêts à se faire tuer pour vous défendre ; mais que deux de vos plus implacables ennemis, le Chat-Tigre et Bothwell sont à la Vera-Cruz ; que ces misérables sont l’âme du complot tramé contre vous ; que s’ils ont résolu de vous attaquer pendant votre voyage, c’est qu’ils ont reconnu l’impossibilité de le faire ici ; où malgré le mauvais vouloir des autorités à votre égard, elles sont contraintes de vous défendre, et dans l’obligation de poursuivre et d’arrêter ceux qui essaieraient de vous nuire ; ainsi vous avez donc tout à gagner à ne pas quitter votre palais.

— Êtes-vous bien sûr de ne pas vous tromper, mon ami, les deux hommes dont vous parlez, sont-ils vraiment à la Vera-Cruz ?

— M. le duc, j’ai passé ma soirée avec eux, j’ai blessé l’un et dédaigné de tuer l’autre ; voilà tout ce que j’ai à vous dire à ce sujet.

— Je vous remercie ; soyez certain que je prendrai