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— Soit, messieurs, reprit le directeur aussitôt que le calme se fut rétabli, je n’insisterai pas. Devant une résolution si fermement exprimée, je suis forcé de retirer ma proposition. Mais la Compagnie des Indes ne saurait demeurer votre débitrice.

— Oh ! monsieur ! fit l’Olonnais.

— Ici, monsieur, je remplis un devoir d’honneur ; à votre tour vous devez vous incliner comme je l’ai fait, moi, devant votre volonté.

— Soit, monsieur, je vous obéis.

— C’est bien, monsieur, je prends acte de votre parole. Le traité que vous avez passé avec la Compagnie est nul, ou pour mieux dire il n’a jamais existé. Je le déchire devant vous. Donc, vous êtes libres, messieurs ; nul n’a le droit d’attenter de quelque façon que ce soit à cette liberté qui vous est rendue. De plus je suis chargé de vous remettre à vous, capitaine l’Olonnais, une somme de quinze mille francs, et à vous, lieutenant, celle de dix mille pour les services que vous avez rendus à la Compagnie. Messieurs, voici votre argent ; veuillez signer ce reçu.

— Oh ! monsieur ! s’écria l’Olonnais avec un accent ému, comment vous exprimer notre reconnaissance pour tant de générosité !

— Il ne s’agit ici ni de générosité ni de reconnaissance, messieurs, répondit le directeur avec un charmant sourire ; je vous répéterai vos propres paroles : Je fais mon devoir. Votre main, messieurs ; vous êtes braves et honnêtes, vous prospérerez.

Pitrians sanglotait. On sait que c’est de cette façon que le brave garçon exprimait sa joie.

— À mon tour maintenant, dit en se levant, un des flibustiers.

Toutes les personnes présentes s’inclinèrent respectueusement. Cet homme était le plus célèbre chef de la flibuste : Montbarts l’exterminateur.

— Frères, dit-il de sa voix mâle et sympathique, messieurs les directeurs de la Compagnie viennent de faire