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contre les os des animaux saisis par l’étreinte terrible des flammes.

Une sombre tristesse, augmentée encore par la vue du paysage qui se déroulait devant eux, s’était emparée des voyageurs ; ils marchaient auprès les uns des autres, sans se parler, enfoncés dans leurs réflexions.

Le chemin que suivait la caravane serpentait dans un étroit ravin, lit desséché de quelque torrent, profondément encaissé entre deux collines.

Le terrain foulé par le pied des chevaux se composait de cailloux ronds qui fuyaient sous leurs sabots, et augmentaient les difficultés de la marche, rendue plus difficile encore par les rayons brûlants du soleil qui tombaient d’aplomb sur les voyageurs sans qu’ils pussent s’en garantir, car le pays qu’ils traversaient avait pris complètement l’apparence de l’un de ces vastes déserts que l’on rencontre dans l’intérieur de l’Afrique.

La journée s’écoula ainsi sans que, à part la fatigue qui les accablait, aucun incident rompît la monotonie du voyage.

Le soir ils campèrent dans une plaine absolument nue, mais à l’horizon ils aperçurent la verdure, ce qui fut pour eux une grande consolation, ils allaient enfin entrer dans une zone épargnée par l’incendie.

Le lendemain, deux heures avant le lever du soleil, le Babillard donna l’ordre du départ.

Cette journée fut encore plus fatigante que la pré-