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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Sinon ?… interrompit le guide avec un accent railleur.

— Je vous brûle la cervelle comme à un chien ! répondit-il en sortant un pistolet de sa ceinture et en l’armant rapidement.

L’œil du soldat lança un éclair, mais ses traits demeurèrent impassibles, et pas un muscle de son visage ne bougea.

— Oh ! oh ! seigneur capitaine, fit-il d’une voix sombre ; vous avez une singulière façon d’interroger vos amis.

— Qui m’assure que vous êtes le mien ?… Je ne vous connais pas, moi.

— C’est vrai, mais vous connaissez la personne qui m’a adressé à vous, cette personne est votre chef comme elle est le mien, je lui ai obéi en vous venant trouver, comme vous devez lui obéir en vous conformant aux ordres qu’elle vous a donnés.

— Oui, mais ces ordres m’ont été transmis par vous.

— Qu’importe cela ?

— Qui m’assure que cette dépêche que vous m’avez apportée, vous avait été réellement remise à vous ?

— Caramba ! capitaine, ce que vous me dites-là n’est guère flatteur pour moi, répondit le guide d’un air offensé.

— Je le sais ; malheureusement nous vivons dans un temps où il est si difficile de distinguer ses amis de ses ennemis, que l’on ne saurait prendre trop de précautions pour éviter de tomber dans un piège ; je suis chargé par le gouvernement d’une mission extrêmement délicate, je dois plus qu’un autre