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ce corps, plus redoutable encore pour ceux qu’il défend que pour ceux qu’il est chargé de combattre.

Sous la domination espagnole, les frontières mexicaines étaient solidement gardées contre les invasions des Peaux-Rouges au moyen de presidios, c’est-à-dire de colonies pénitentiaires dont les nombreuses garnisons se reliaient les unes aux autres par une ligne de fortins en terre, établis de distance en distance sur toute l’étendue de ces frontières.

Mais après la guerre de l’indépendance, lorsque les Espagnols furent définitivement chassés du Mexique, les choses changèrent complètement de face.

Les nouveaux affranchis, beaucoup trop occupés à se battre entre eux et à faire des pronunciamentos pour se disputer le pouvoir, ne songeaient guère à veiller à la sûreté de leurs frontières.

Ils laissèrent les présidios se dépeupler peu à peu, et, faute de garnisons et de réparations nécessaires, les fortins tomber en ruines.

Le résultat de cet état de choses était facile à prévoir.

Les Peaux-Rouges, trouvant les frontières ouvertes, et certains de l’impunité, recommencèrent leurs courses sur le territoire mexicain, brûlant, pillant et saccageant tout ce qui se trouvait sur le chemin de leurs incursions.

Puis, encouragés par le succès qui couronnait toutes leurs invasions, ils ne mirent plus de bornes à leurs pilleries et organisèrent leurs déprédations.

Apaches, Sioux, Comanches et d’autres peuples encore moins importants, mais tout aussi avides que les premiers, se ruèrent d’un commun accord à la curée.

Les frontières mexicaines furent littéralement mises en coupe réglée.

Les courses des Peaux-Rouges sur le territoire de la République mexicaine devinrent mensuelles.

À l’époque de la pleine lune, les hordes sauvages franchissaient au galop la frontière et se ruaient sur les Rancherias et les Haciendas ; mettant tout a feu et à sang, en-