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capitale ; il fallait à toute force la sauver et faire arriver saines et sauves les piastres à Mexico, avec d’autant plus de raison que depuis quelque temps les arrivages d’argent du Texas devenaient d’une rareté désespérante et menaçaient de manquer complétement avant peu.

Le général Rubio se vit à contre-cœur contraint de modifier provisoirement la ligne qu’il s’était tracée ; il ne doutait pas que les insurgés, avertis du passage de la conducta, ne fissent les plus grands efforts pour l’intercepter et s’en emparer, car eux aussi éprouvaient une grande pénurie d’argent, et les millions expédiés à Mexico étaient pour eux d’une immense importance ; il fallait déjouer leurs projets et sauver la conducta ; le général rassembla donc un corps considérable de troupes, se mit à sa tête, et s’avança à marches forcées jusqu’à l’entrée du défilé où, d’après les rapports de ses espions, les insurgés devaient s’embusquer ; puis, ainsi que nous l’avons vu, il expédia un homme sûr (à ce qu’il supposait du moins) au capitaine Melendez, pour l’avertir de son approche et le mettre sur ses que gardes.

Nous avons rapporté dans les Rôdeurs de frontières comment les choses s’étaient passées, et combien l’exprès du général était digne de la confiance son chef avait placée en lui.

Le camp mexicain s’élevait au milieu d’une plaine charmante, faisant face au défilé par lequel, d’après les instructions du général, la conducta devait déboucher.

C’était le soir, le soleil était couché depuis environ une heure. Don José-Maria, inquiet du retard