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des aventuriers : joie rendue plus vive encore par la vue des caisses précipitées la veille du haut de la pente par les Mexicains, et qui, bien qu’effondrées par leur chute, avaient cependant en grande partie conservé le précieux métal qu’elles contenaient, tandis que le reste, épars çà et là sur le sol, était facile à réunir.

Ainsi, le courage des Mexicains, leur dévouement héroïque n’avait abouti qu’à les faire tomber bravement à leur poste sans que leur sacrifice obtînt le résultat qu’ils espéraient.

Bientôt la prairie prit une physionomie animée à laquelle certes elle n’était pas habituée ; les aventuriers allumèrent des feux, élevèrent des jacales, et le camp fut installé en quelques minutes.

Pendant assez longtemps les efforts de John Davis pour ranimer son ami demeurèrent infructueux, cependant le Jaguar n’avait reçu aucune blessure ; il paraissait n’avoir aucun membre brisé : son évanouissement provenait seulement de la commotion que sa chute horrible lui avait fait éprouver.

Cependant, l’Américain, loin de se rebuter, redoubla de soins et d’attentions, et enfin, après un assez long espace de temps, il vit ses efforts couronnés de succès.

Le Jaguar fit un faible mouvement, ses lèvres remuèrent comme s’il voulait parler, il porta la main droite à son front, poussa un profond soupir et entr’ouvrit les yeux, mais il les referma aussitôt, ébloui probablement par la clarté brillante du soleil.

— Enfin, il est sauvé ! s’écria avec joie l’Américain.

Les aventuriers entourèrent leur chef, épiant avec anxiété chacun de ses mouvements.