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— Il vit, frères ! il vit, s’écria-t-il.

À cette nouvelle, les rôdeurs de frontières poussèrent un tel hurlement de joie et de bonheur, que les oiseaux de nuit, troublés dans leurs sombres repaires, s’élevèrent de toute part dans l’air et commencèrent à voler lourdement çà et là en poussant des cris discordants et assourdissants.

Mais ce n’était pas tout ; il s’agissait maintenant de sortir le Jaguar du précipice et de le hisser dans le défilé.

Nous avons dit que les deux corps étaient étroitement enlacés l’un à l’autre.

Les aventuriers n’éprouvaient qu’une médiocre sympathie pour le capitaine Melendez, cause première de la catastrophe qui avait été si près d’être fatale au Jaguar ; aussi ne s’étaient-ils nullement inquiétés de s’assurer s’il était mort ou vivant, et lorsqu’il s’agit de trouver les moyens de transporter le corps de leur chef dans le défilé, une discussion fort grave et fort orageuse s’engagea au sujet de l’officier mexicain.

La plupart des aventuriers opinaient pour que, si on ne pouvait pas séparer facilement les deux corps, on tranchât les bras du capitaine et on le jetât dans le gouffre pour servir de pâture aux bêtes fauves.

Les plus irrités parlaient de le poignarder d’abord afin d’être bien certains qu’il n’en réchapperait pas.

Quelques-uns même avaient saisi leurs couteaux et leurs machetes afin de mettre, sans plus tarder cette résolution à exécution.

Mais tout à coup John Davis s’interposa.

— Arrêtez, s’écria-t-il vivement, le Jaguar vit, il