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fond du précipice se trouva illuminé d’une quantité de torches.

C’était la troupe de Ruperto qui arrivait.

Guidés par les lueurs qu’ils voyaient courir le long des parois du précipice, ceux-ci ne tardèrent pas à découvrir le nid, la vérité leur fut dévoilée.

L’arrivée de Ruperto et de ses compagnons fut pour l’Américain un trait de lumière, maintenant rien n’était plus facile que d’atteindre le nid.

Quatre vigoureux aventuriers, armés de haches, se hissèrent le long de la muraille du précipice jusqu’au pied de l’arbre qu’ils commencèrent à entailler à coups redoublés, tandis que John Davis et ceux qui se trouvaient avec lui, avaient lancés leurs reatas après les hautes branches de l’arbre et l’attiraient peu à peu à eux.

L’arbre, profondément entaillé du bas, commença tout doucement à s’incliner, et finit par se coucher, sans avoir reçu de trop fortes secousses, sur la paroi du gouffre.

John Davis monta immédiatement dans le nid, et tirant son couteau de sa ceinture, il se pencha sur le corps du Jaguar et présenta la lame aux lèvres du jeune homme.

Il y eut un moment d’anxiété profonde pour ces hommes ; leur silence était si complet, qu’on aurait entendu les battements de leurs cœurs ; ils étaient là, les yeux obstinément fixés sur l’Américain, osant à peine respirer, et pour ainsi dire suspendus à ses lèvres.

Enfin, John se redressa et approcha le couteau de la lumière d’une torche ; la lame était légèrement ternie.