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John Davis s’orienta. Il conclut bientôt que cette énorme trouée ne pouvait avoir été faite que par la chute des deux corps ; cette remarque lui donna bon espoir : à une si légère distance de l’orifice du précipice, les deux ennemis lancés dans l’espace devaient encore être pleins de vie ; la rapidité de leur chute avait été naturellement arrêtée par le choc des buissons, ils pouvaient avoir de distance en distance rencontré de semblables obstacles et par conséquent n’avoir plus fait qu’une suite de chutes peu dangereuses. Cette hypothèse, tout erronée qu’elle était, pouvait pourtant être véritable.

John Davis continua à descendre ; la pente devenait d’instant en instant moins rapide ; ce n’étaient plus des buissons que l’aventurier rencontrait sur son passage, mais des arbres groupés çà et là par bouquets de cinq ou six.

Cependant John Davis ne retrouvait plus de traces, alors une crainte lui vint et lui serra douloureusement le cœur ; il redouta que les buissons sur lesquels les deux hommes étaient tombés n’eussent à cause de leur élasticité, produit l’effet de raquettes et lancé les deux malheureux dans l’espace au lieu de leur avoir fait suivre la pente d’inclinaison du précipice.

Cette pensée s’empara si fortement de l’esprit de l’Américain, qu’un découragement profond s’empara de lui, et pendant quelques instants il demeura sans force et sans volonté, tristement accroupi sur le sol.

Mais John Davis était un homme d’un caractère trop solidement trempé et doué d’une volonté trop énergique, pour se laisser longtemps aller ainsi au