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LES FRANCS TIREURS.

accourus le recevoir à la coupée, il s’informa de Tranquille, s’étonnant avec raison de ne pas le voir parmi les personnes présentes.

Le capitaine, sans lui répondre autrement, lui fit signe de le suivre.

Le jeune homme sans rien comprendre à cette réserve, mais sérieusement inquiet, descendit dans la chambre.

Là, il vit Tranquille couché sur un cadre. Une femme pleurait assise auprès de lui sur un tabouret.

Le Jaguar fut sur le point de défaillir, il pâlit : dans cette femme il avait reconnu Carméla.

Son émotion fut tellement vive, qu’il fut contraint de s’appuyer à la cloison pour ne pas tomber.

Au bruit causé par son arrivée, la jeune fille avait relevé la tête.

— Oh ! s’écria-t-elle en joignant les mains avec joie, c’est vous ! vous, enfin !

— Merci, Carméla ! répondit-il d’une voix étouffée, merci de cette bonne parole ! elle me prouve que vous ne m’ayez pas oublié.

— Vous oublier, vous à qui, après mon père, je dois tout ! Oh ! vous savez bien que c’était impossible.

— Merci encore ? vous ne savez pas, vous ne pouvez savoir combien vous me rendez heureux en ce moment, Carméla. Ma vie entière employée à vous servir ne suffira pas pour reconnaître le bien que vous me faites. Vous êtes enfin libre ! Brave Tranquille, j’étais sûr qu’il réussirait !

— Hélas ! mon ami, cette réussite lui coûte cher.