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LES FRANCS TIREURS

Mexicains pour obtenir, si cela était possible, la reddition de la ville sans coup férir.

Dans sa conversation avec le colonel Melendez, le jeune chef lui avait exprès annoncé aussi brusquement le résultat de ces expéditions, comptant, pour le succès de ses négociations futures, sur la stupeur qu’éprouverait le général Rubio à cette nouvelle.

Mais avant de rien entreprendre, le Jaguar voulait s’aboucher avec ses amis, afin d’arrêter d’une façon définitive la conduite qu’il devait tenir dans une circonstance si grave, ne se souciant nullement d’assumer sur lui la responsabilité des résolutions qui seraient prises.

C’était agir non-seulement avec prudence, mais encore avec une entière abnégation, surtout après la conduite qu’il avait tenu depuis le commencement des hostilités avec le gouvernement mexicain, et la haute position à laquelle il était parvenu parmi les siens.

Mais comme le cœur de l’homme même le plus pur et le plus loyal, n’est jamais exempt de ces faiblesses inhérentes à la nature humaine, le Jaguar peut-être sans oser se l’avouer à soi-même, avait un autre motif qui le poussait à venir ainsi en toute hâte à bord du brick.

Ce motif, d’une nature toute intime, était le désir de connaître le plus tôt possible les résultats de l’expédition tentée par Tranquille et le capitaine Johnson contre le rancho du Scalpeur-Blanc.

Aussi, à peine le jeune homme eut-il posé le pied sur le pont du navire, que sans même répondre aux salutations empressées de ses amis qui étaient