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LES FRANCS TIREURS

— Où as-tu trouvé cela ? s’écria-t-il avec anxiété ?

— Quand je me suis précipité sur cet homme, je ne sais comment cela se fit, mais cette chaîne et ce qui se trouve après furent pour ainsi dire placés par le hasard dans ma main. En tombant à la mer, je conservai cette chaîne ; la voilà, faites-en ce que vous voudrez.

Tranquille, après avoir une seconde fois examiné cet objet mystérieux, le cacha dans sa poitrine en poussant un profond soupir.

Tout à coup Carméla se redressa avec épouvante.

— Oh ! voyez ! voyez, mon père ! s’écria-t-elle, malheur ! malheur ! nous sommes perdus !

Le chasseur tressaillit au son de la voix de la jeune fille, ses yeux se remplirent de larmes.

— Que se passe-t-il donc ? murmura-t-il d’une voix faible.

— Il se passe, dit rudement le capitaine, que, à moins d’un miracle, pour cette fois, ainsi que le dit doña Carméla, nous sommes bien réellement perdus !

Et il montra une trentaine de chaloupes, armées en guerre, qui arrivaient à force de rames et convergeaient autour du brick de façon à l’enserrer dans un cercle dont il lui serait impossible de sortir.

— Oh ! c’est trop de fatalité ! s’écria Carméla avec désespoir.

— Non, ce n’est pas possible, dit vivement Tranquille ! Dieu ne nous abandonnera pas ainsi !

— Nous sommes sauvés ! s’écria maître Lovel,