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LES FRANCS TIREURS

En entendant ces paroles, le Scalpeur se précipita avec rage sur son ennemi.

Celui-ci ne fit pas un mouvement pour l’éviter ; au contraire, il le saisit dans ses bras nerveux et, s’abandonnant complètement sur lui, il chercha à le renverser, tout en lui labourant les reins avec la pointe de son poignard.

Ces deux hommes, les regards étincelants, les lèvres écumantes, animés d’une haine implacable, enlacés poitrine contre poitrine, visage contre visage, silencieux et horribles à voir, cherchant chacun à tuer son adversaire, se souciant peu de vivre pourvu que son ennemi mourût, ressemblaient à deux bêtes fauves acharnées à s’entre-détruire.

Texiens et Mexicains s’étaient arrêtés comme d’un commun accord et demeuraient spectateurs épouvantés de cet atroce combat.

Enfin le chasseur, grièvement blessé déjà avant la lutte, tomba en entraînant son ennemi dans la chute.

Celui-ci poussa un cri de triomphe qui s’éteignit en un râle de douleur : Quoniam s’était précipité à corps perdu sur lui ; malheureusement il avait mal calculé son élan, et tous deux tombèrent dans la mer qui se referma sur eux avec un bruit sourd et sinistre.

Les Mexicains, privés de leur chef, ne songèrent plus qu’à fuir et se jetèrent en désordre dans leurs barques.

Une minute plus tard ils avaient tous quitté le brick.

En ce moment Quoniam reparut. Le brave nègre ruisselait d’eau. Il fit quelque pas en chancelant et