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LES FRANCS TIREURS.

vaincre ; mais la nature avait été plus forte que sa volonté et son énergie, un brouillard avait passé sur ses yeux, ses mouvements avaient perdu leur ensemble, et il s’était senti couler.

Alors il avait poussé ce cri d’appel suprême auquel maître Lovel avait répondu en volant à son secours.

Dix minutes se passèrent, dix minutes d’angoisse, pendant lesquelles les individus restés à bord de la chaloupe osèrent à peine respirer.

— Courage, les gars ! cria tout-à-coup la voix haletante de Lovel, il est sauvé !

Les marins poussèrent une exclamation de joie, et, se courbant sur les avirons, ils redoublèrent d’efforts.

Une décharge épouvantable leur répondit, et les balles vinrent s’aplatir en sifflant contre les plats-bords de la péniche et faire bouillonner la mer autour d’elle.

Les Mexicains, arrivés à portée, ouvraient un feu terrible contre les texiens.

Ceux-ci ne ripostèrent pas, mais continuèrent à ramer,

Un grondement sourd se fit entendre, suivis de cris de désespoir et d’imprécations, et une masse passa au vent de la chaloupe.

C’était le brick qui venait au secours de son équipage et qui, en passant, coulait et dispersait les embarcations ennemies.

En mettant le pied sur le pont du navire, Carméla, succombant enfin à ses émotions, perdit connaissance.

Tranquille la saisit dans ses bras, et aidé par Quo-