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LES FRANCS TIREURS.

Le brick, dont on apercevait la haute mâture, n’était, il est vrai, qu’à deux encablures au plus des chaloupes texiennes ; mais les quelques hommes laisses à bord ne suffisaient pas, tant s’en fallait, pour exécuter les manœuvres nécessaires pour que le navire vînt d’une manière efficace en aide à ses embarcations.

La position, se faisait à chaque seconde plus critique, le capitaine se leva :

— Enfants ! dit-il, que les dix meilleurs nageurs d’entre vous se jettent à la mer et aillent avec moi chercher le navire.

— Capitaine, s’écria le chasseur, que prétendez-vous faire ?

— Vous sauver, répondit il simplement en se préparant à mettre son projet à exécution.

— Oh ! oh ! fit brusquement maître Lovel, je ne souffrirai pas une telle folie.

— Silence, monsieur, interrompit le capitaine avec rudesse, je commande seul à mon bord,

— Mais, vous êtes blessé ? reprit le maître.

Effectivement, le capitaine Johnson avait reçu un coup de hache qui avait profondément entaillé son épaule droite.

— Silence, vous dis-je ! Je n’admets pas d’observations !

Le vieux marin baissa la tête en essuyant une larme à la dérobée.

Après avoir serré la main du chasseur, le capitaine et ses dix matelots plongèrent résolument dans la mer et disparurent dans l’ombre.

À la nouvelle d’un nouveau danger, Carméla était tombée anéantie dans le fond de la chaloupe.