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LES FRANCS TIREURS.

gement, en tendant la main à maître Lovel, sans toi, père, nous étions perdus !

— By god ! répondit le vieux marin avec un gros rire et en se frottant joyeusement les mains, je me doutais bien que si vous vous cachiez de moi, c’est que vous ruminiez quelque folie ; aussi, je me suis méfié.

Le capitaine ne répondit que par une nouvelle étreinte amicale à ces paroles du digne contremaître.

Carméla, les mains jointes et les yeux au ciel, priait avec ferveur, rendant grâce à Dieu de sa miraculeuse délivrance.

— Voilà celle que nous avons sauvée, dit Tranquille. C’est à vous que je dois d’avoir retrouvé ma fille, je ne l’oublierai pas, capitaine !

— Bah ! vieux chasseur, fit en riant le capitaine, je n’ai fait que tenir la parole que je vous avais donnée : n’avais-je pas juré de vous aider, même au péril de ma vie ?

— Et vous avez été bien prêt de perdre votre enjeu, observa maître Lovel. Après ça, ajouta-t-il en se reprenant avec galanterie, bien que je ne m’y connaisse guère, je comprends parfaitement qu’on risque sa peau pour amariner une aussi gentille corvette, by god !

Cette saillie ramena parmi les marins la gaîté que les graves événements qui venaient de se passer avaient fait provisoirement envoler.

— Nous sommes bien véritablement hors de danger, n’est-ce pas, mon père ? demanda la jeune fille avec un frémissement de crainte qu’elle fut impuissante à dissimuler.