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LES FRANCS TIREURS.

sang-froid à faire une diversion en faveur de ses camarades lorsque le moment propice serait venu.

Les Texiens, adossés à un rocher, à dix pas au plus de la mer, combattaient en désespérés contre un nombre infini d’ennemis. Une minute encore et c’en était fait, ils périssaient tous, lorsque tout à coup le cri : En avant ! Texas y libertad ! résonna avec force derrière les Mexicains, accompagné d’une clameur formidable, et une décharge meurtrière faite presque à bout portant vint semer l’épouvante et le désordre dans leurs rangs.

C’était maître Lovel qui opérait sa diversion pour sauver son capitaine, ou comme il disait dans son naïf dévouement, son fils adoptif.

Les Mexicains, qui déjà se croyaient vainqueurs, furent terrifiés par cette attaque imprévue, que, à cause de la vigueur avec laquelle elle était conduite, ils crurent faite par un corps considérable de ces redoutables francs-tireurs, commandés par le Jaguar, dont la réputation était déjà immense dans les rangs de l’armée américaine.

Persuadés que les Texiens avaient débarqué en grand nombre, et n’avaient feint de reculer que pour les faire tomber plus sûrement dans le piège, ils hésitèrent, reculèrent à leur tour, et finalement, saisis d’une terreur panique que leurs officiers ne parvinrent pas à maîtriser, ils se débandèrent et se mirent à fuir dans toutes les directions, en jetant leurs armes.

Les Texiens ranimés par l’arrivée providentielle du vieux marin et excités par la voix de leur capitaine, redoublèrent d’efforts.

Tranquille entoura sa cuisse d’un mouchoir, et