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LES FRANCS TIREURS


XXV

EN AVANT !


Cependant, maître Lovel faisait vigoureusement ramer ses canotiers, afin de gagner bientôt le rivage. Mais quelque désir qu’il eût de se presser, il lui fut impossible d’atteindre la plage aussitôt qu’il l’aurait voulu, parce que ne connaissant pas la côte et voguant pour ainsi dire à l’aveuglette, son canot toucha à plusieurs reprises contre des roches sous-marines, ce qui lui fit perdre un temps considérable en l’obligeant à changer plusieurs fois de direction. Aussi, lorsqu’enfin il arriva à terre, depuis longtemps déjà le capitaine était débarqué.

Le vieux marin fit tenir son canot et celui du capitaine accostés afin de pouvoir s’en servir au besoin ; il sauta sur le sable suivi de ses hommes et s’avança avec précaution dans l’intérieur des terres.

À peine avait-il fait en avant quelques pas au hasard, que le bruit d’une course furieuse parvint jusqu’à lui, et du chemin creux dont nous avons parlé, il vit s’élancer, en désordre et serrés de près par un grand nombre de soldats mexicains, les marins qui avaient accompagné le capitaine dans son expédition.

Maître Lovel ne perdit pas la tête dans cette circonstance critique. Au lieu de se jeter dans la mêlée, il embusqua ses hommes derrière un bouquet d’arbres du Pérou et de mahoganys qui s’élevaient à peu de distance, et se prépara avec un grand