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LES FRANCS TIREURS.

gard inquiet autour de lui : Quoniam combattait comme un lion à ses côtés.

— Ami ! s’écria-t-il d’une voix navrante, au nom de ce que vous avez de plus cher, sauvez-la, sauvez Carméla !

— Mais vous ? répondit le nègre.

— Eh ! fit noblement le chasseur, moi, qu’importe ce que je deviendrai, pourvu qu’elle échappe à ce monstre et qu’elle soit heureuse !

Quoniam hésita une seconde : un sentiment de regret et de douleur assombrit son visage. Mais, à un dernier regard du chasseur, regard chargé d’une expression de désespoir impossible à rendre, il se décida enfin à lui obéir, et abaissant sa hache ruisselante de sang et rouge jusqu’à la poignée, il se pencha vers la jeune fille.

Mais celle-ci, se redressant tout à coup et bondissant comme une lionne :

— Laissez-moi ! laissez-moi ! s’écria-t-elle avec délire : c’est pour moi qu’il meurt, je ne veux point l’abandonner !

Et elle se plaça résolument auprès de son père.

Au mouvement de celle qu’ils se disputaient avec tant d’acharnement, les deux hommes avaient fait un pas en arrière en abaissant la pointe de leurs machetes.

Mais cette trêve ne fut que de courte durée, car après une seconde de répit ils revinrent comme d’un commun accord l’un vers l’autre.

Alors Texiens et Mexicains se rejetèrent dans la mêlée avec une nouvelle fureur, et le combat recommença plus terrible que jamais.