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LES FRANCS TIREURS.

rayonnants de joie : oh ! maintenant je suis certaine de mourir libre !

Pour ne pas être entourés, les Texiens s’étaient adossés à un rocher et ils attendaient, la baïonnette croisée, le choc des Mexicains !

— Rendez-vous, chiens ! cria avec mépris le Scalpeur.

— Allons donc ! répondit le capitaine : vous êtes fou, señor ! Est-ce que des hommes comme nous se rendent jamais ?

— En avant ! vociféra le Scalpeur.

Les Mexicains se précipitèrent sur leurs ennemis avec une rage indicible.

Alors commença une lutte héroïque, gigantesque, le combat impossible à décrire de trois cents hommes contre trente ; carnage horrible et sans merci, où personne ne demandait quartier, et où les Texiens certains de tomber tous, ne voulaient succomber qu’après s’être ensevelis sous un monceau de cadavres ennemis.

Après vingt minutes qui durèrent un siècle, les Texiens n’étaient plus que douze debout : dix-huit avaient succombé ! Le capitaine, Tranquille, Quoniam et neuf matelots restaient seuls, accomplissant des prodiges de valeur.

— Enfin ! s’écria le Scalpeur en bondissant pour saisir Carméla.

— Pas encore ! dit Tranquille en lui portant un coup de hache.

Le Scalpeur évita le coup en se jetant de côté et riposta avec son machete.

Tranquille tomba sur un genou. Il avait la cuisse traversée.