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LES FRANCS TIREURS

— Hâtons-nous ! hâtons-nous I s’écria le capitaine : qui sait si avant un instant nous ne serons pas accablés par des forces supérieures ?

Sur son ordre, les matelots, mettant la jeune femme au milieu d’eux, s’élancèrent au pas de course dans la direction du rivage.

On entendait au loin les tambours et les clairons qui appelaient les troupes aux armes.

Déjà à l’horizon on distinguait les silhouettes noires de nombreux soldats qui accouraient dans l’intention évidente de couper la retraite aux Texiens.

Haletants, épuisés, ceux-ci couraient toujours.

Le rivage commençait à apparaître à leurs yeux : quelques pas encore, et ils l’atteignaient.

Tout à coup une troupe commandée par le Scalpeur-Blanc se précipita sur eux en criant :

— Tue ! tue ! les Texiens ! tue ! tue ! égorgez ! égorgez !

— Ô mon Dieu ! s’écria Carméla en s’affaissant sur elle-même et joignant les mains avec ferveur : mon Dieu ! nous abandonnerez-vous ?

— Enfants ! dit le capitaine en s’adressant à ses marins, ici, il ne s’agit plus de vaincre : il faut mourir !

— Mourons, capitaine ! répondirent d’une seule voix les matelots en faisant tête aux Mexicains.

— Père, dit la jeune fille, me laisserez-vous tomber vivante aux mains de ce tigre ?

— Non, répondit Tranquille en déposant un baiser sur son front pâle. Tiens, enfant, voilà mon poignard !

— Merci ! dit-elle en s’en emparant et les yeux