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LES FRANCS TIREURS.

La jeune fille se leva d’un bond et vint se placer auprès du chasseur.

— Un instant, señor ! s’écria le Scalpeur ; vous avez appris comment on entre dans cette maison, mais vous ignorez comment on en sort !

Et prenant deux pistolets sur une table, il en dirigea les canons vers le Canadien en criant :

— À moi ! à moi !

Tranquille sans s’émouvoir avait épaulé son rifle.

— Je serais charmé que vous m’indiquiez la route, fit-il paisiblement.

Une dizaine d’esclaves et de soldats mexicains se précipitèrent en tumulte dans le salon.

— Ah ! ah ! fit le Scalpeur, je crois que je vous tiens enfin, vieux tueur de tigres !

— Bah ! fit une voix railleuse, pas encore. En ce moment, par la croisée qui avait livré passage au Canadien, le capitaine et ses matelots firent comme un ouragan irruption dans le salon, en poussant des cris épouvantables.

Alors il y eut une mêlée et un désordre inexprimables ; les lumières furent éteintes, et les esclaves, sans armes pour la plupart et ne sachant à combien d’ennemis ils avaient affaire, se mirent à fuir dans toutes les directions. Le Scalpeur fut entraîné par les fuyards, et disparut avec eux.

Les Texiens profitèrent de la stupeur de leurs ennemis pour évacuer le rancho et opérer leur retraite.

— Mon père, s’écria la jeune fille, je savais bien que tu viendrais.

— Oh ! s’écria le chasseur avec un bonheur ineffable, tu m’es enfin rendue !