Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
LES FRANCS TIREURS.

— Je vous défie, lâche ! qui menacez une femme.

— À moi ! s’écria le Scalpeur-Blanc avec un rugissement de tigre.

Tout à coup la fenêtre s’ouvrit avec fracas, et Tranquille parut.

— Vous avez appelé, je crois, señor ? dit-il d’une voix calme, en sautant dans le salon et en s’avançant d’un pas ferme et mesuré.

— Mon père ! mon père ! s’écria la pauvre enfant en se jetant dans ses bras avec bonheur, enfin vous voilà !

Le Scalpeur-Blanc, au comble de la stupéfaction, épouvanté de l’apparition imprévue du chasseur, jetait autour de lui des regards effarés, sans parvenir à reprendre son sang-froid.

Le Canadien, après avoir répondu avec amour au chaleureux accueil de la jeune fille, la déposa doucement sur le hamac, et se tournant vers le Scalpeur-Blanc qui commençait enfin à se remettre :

— Je vous demande pardon, señor, dit-il avec une aisance parfaite, de ne pas vous avoir fait prévenir de ma visite ; mais vous le savez, nous sommes en délicatesse, et comme il est probable que si je vous avais écrit vous ne m’auriez pas reçu, j’ai préféré brusquer les choses.

— Au fait señor, que me voulez-vous ? répondit sèchement le Scalpeur.

— Vous me permettrez de vous faire observer señor, répondit Tranquille toujours de son même air placide, que la question me paraît au moins singulière dans votre bouche. Je veux tout simplement reprendre ma fille que vous m’avez enlevée.

— Votre fille ? reprit l’autre avec ironie.