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LES FRANCS TIREURS

était triste, et à toutes les questions qui jusqu’à ce moment lui avaient été adressées, il n’avait répondu que par un dédaigneux silence ou de méprisants monosyllabes.

Lorsque l’état-major de la corvette fut réuni dans sa chambre, le capitaine se leva, et saluant poliment les officiers mexicains :

— Messieurs, dit-il, vous me voyez désespéré de ce qui arrive. J’aurais voulu vous rendre immédiatement la liberté, mais le refus formel de votre commandant de s’engager à ne pas servir pendant un an contre nous, refus dont je respecte les motifs, m’oblige, à mon grand regret, à vous retenir prisonniers, du moins provisoirement. Du reste, Messieurs, croyez bien que vous serez traités en caballeros, et que tout sera mis en usage pour adoucir ce que cette captivité temporaire pourrait avoir pour vous de trop triste.

Les officiers et le commandant lui-même s’inclinèrent en signe de remerciement.

Le capitaine reprit :

— Tout ce qui vous appartient a été transporté dans la chaloupe que j’ai donné l’ordre d’armer pour vous conduire à terre. Vous ne perdrez donc rien de ce qui forme votre propriété particulière ; si la guerre a des exigences terribles, j’ai tâché, autant que cela était en mon pouvoir, de vous en épargner les plus amères conditions. Si rien ne vous retient ici, veuillez vous préparer à partir.

— Serait-ce une indiscrétion de vous demander, capitaine, en quel endroit vous avez donné l’ordre de nous conduire ? demanda le commandant Rodriguez.