Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
408
LES FRANCS TIREURS

Le colonel prononça ces paroles avec un feu et une animation qui firent malgré lui tressaillir son ami, et éveillèrent dans son cœur un vif sentiment de jalousie. Cependant le Jaguar eut assez de pouvoir sur lui-même pour cacher l’émotion qu’il éprouvait, et il répondit d’une voix calme :

— Dieu veuille que ce soit bientôt, mon ami ! À nous deux que ne ferions-nous pas !

— Ainsi, cette nuit même vous comptez tenter l’expédition dont vous m’avez parlé ? reprit le colonel.

— Ce n’est pas moi, bien que probablement j’y assisterai ; mais une autre personne la dirigera.

— Pourquoi pas vous ?

— Tranquille le veut ainsi : il est le père de Carméla, je dois accéder à sa volonté.

— C’est juste. Maintenant, quand et comment nous reverrons-nous ? J’ai le plus grand désir de savoir ce qui se sera passé cette nuit ; quel que soit le résultat de cette expédition, je tiendrais à être informé de ce que vous aurez fait. Malheureusement, je crains qu’il ne nous soit assez difficile de nous revoir.

— Pourquoi donc cela ?

— Eh mon Dieu, mon ami, vous le savez aussi bien que moi ! la trêve conclue entre vous et le général Rubio expire ce soir.

— Eh bien ?

— Vous ne comptez pas, je le suppose, rentrer à Galveston ?

— Quant à présent non ; mais avant peu j’espère y retourner.

— Ne procédons pas d’après des probabilités, nous risquerions trop de nous tromper.