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LES FRANCS TIREURS.

le chef, et qui en ce moment ravage toutes les campagnes.

— Vous ne savez rien autre ?

— Non, quant à présent.

— Eh bien ! avant de nous séparer, je vous donnerai, moi, colonel, une nouvelle qui, si je ne me trompe, vous chagrinera fort.

— Que voulez-vous dire, mon ami ? expliquez-vous !

— Pas en ce moment. Nous ne sommes pas ici pour nous occuper de politique, mais bien de nos propres affaires. Procédons par ordre, nous aurons toujours assez de temps pour revenir à la politique.

— C’est juste ! mais dites-moi un mot seulement.

— Lequel ?

— La nouvelle que vous avez à m’apprendre, est-elle réellement grave ?

Le Jaguar fronça les sourcils, il frappa du pied la terre avec une violence contenue.

— Excessivement grave ! dit-il.

Il y eut un instant de silence.

Enfin le jeune homme se rapprocha du colonel et lui posant la main sur l’épaule :

— Don Juan, lui dit-il d’une voit affectueuse, écoutez-moi un instant.

— Parlez, mon ami.

— Don Juan, reprit-il, pourquoi vous obstiner à défendre une cause perdue ? Pourquoi verser votre généreux sang au service de la tyrannie ? Le Texas veut être libre : il le sera ! Comptez les hommes capables qui servent dans vos rangs : à part deux ou trois peut être, il n’en est pas un que vous puissiez citer ; le Mexique, épuisé par les révolutions qui sans