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LES FRANCS TIREURS

quelle nous eûmes l’honneur d’assister, et qui, à chaque anniversaire du saut miraculeux du digne prieur, se rend en grande cérémonie, avec un concours immense de peuple venu de tous les coins du Texas, au Salto-del-Frayle.

Quoi qu’on doive penser de l’authenticité de cette histoire, ce qui est certain, c’est que cet endroit se nomme le Saut-du-Moine, et que c’est là que le Jaguar avait donné rendez-vous au colonel don Juan Melendez de Gongora.

Le soleil était descendu presque au niveau de l’horizon au moment où le jeune homme atteignit la fissure. Il jeta un regard autour de lui ; la route était solitaire ; alors il mit pied à terre, entrava son cheval, s’étendit sur le sol et attendit. Il était là depuis environ un quart-d’heure, lorsque le bruit d’une course précipitée arriva à son oreille ; il se releva et regarda. Bientôt il vit un cavalier apparaître au tournant du chemin. Ce cavalier, c’était le colonel.

En arrivant auprès du Jaguar il le salua et sauta sur le sol.

— Pardonnez-moi, mon ami, lui dit-il, de vous avoir fait attendre : mais il y a loin d’ici à Galveston ; et vous et vos compagnons, vous nous donnez tant de besogne que, vive Dios ! nous n’avons pas un instant à nous.

Le jeune homme sourit finement.

— Vous êtes tout pardonné, colonel, dit-il. Auriez-vous donc reçu encore de mauvaises nouvelles ?

— Ni mauvaises, ni bonnes, mais en vérité de fort désagréables : il s’est formé, dit-on, un corps de francs-tireurs, dont on vous soupçonne fort d’être