Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
LES FRANCS TIREURS.

toral du Texas, surtout, est si bizarrement découpé, que l’esprit se perd à chercher quels accidents ou quel cataclysme antédiluvien ont été assez puissants pour produire ces dentelures hardies et ces fissures subites dans les hautes falaises qui le bordent.

Non loin de Galveston, sur le bord de la mer, se trouve un chemin assez large, dont les capricieux méandres suivent pendant un espace assez long la crête des falaises.

Ce chemin assez fréquenté est ordinairement suivi par les muletiers et les voyageurs de toutes sortes qui se rendent au Mexique. Assez large et assez commode, il pouvait à bon droit passer pour excellent dans une contrée où les grandes voies de communication sont — ou du moins étaient — complètement inconnues, car maintenant le Texas possède de larges routes carrossables et de longues voies ferrées. Mais à un endroit, le chemin dont nous parlons se rétrécit tout-à-coup ; la falaise, fendue comme par un coup du sabre d’un géant, montre une ouverture béante large de près de trois mètres et profonde de plus de deux cents.

Au fond de cette ouverture la mer se brise constamment avec fureur en produisant un bruit sourd et monotone.

Puis de l’autre côté de la fissure le chemin reprend de plus belle.

En Europe, où le gouvernement est sans cesse occupé d’améliorer les voies de communication, on aurait facilement trouvé un remède à cette interruption en jetant un pont d’une rive à l’autre de la fissure ; mais en Amérique ce n’est pas cela. Les gouvernements ont autre chose à faire qu’à s’occuper