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LES FRANCS TIREURS

Il est de ces dangers qui dépassent la portée de toute prévision humaine, et qui, par cela même, glacent d’effroi les hommes les plus intrépides.

Ces hommes qui, depuis quelques heures, avaient risqué vingt fois leur vie dans une lutte insensée, et qui existaient, pour ainsi dire, par miracle, frémirent en songeant à l’horrible péril auquel ils avaient échappé par un hasard providentiel.

— Oh ! s’écria le Jaguar avec une expression impossible à rendre, il est évident que le ciel se déclare pour nous et que nous devons réussir. Suivez-moi, frères ! Comme à moi, il doit vous tarder d’avoir le dernier mot de cette énigme.

Tous s’élancèrent sur ses pas.

La grotte formait plusieurs circuits. Mais, contrairement à ce que l’on rencontre ordinairement dans la plupart des cavernes naturelles, elle ne semblait pas avoir d’autres artères que celle dans laquelle étaient engagés les conjurés.

Ceux-ci marchaient toujours, suivant pas à pas leur chef. Plus ils s’enfonçaient dans le souterrain, plus la montée devenait rude.

Le Jaguar ne s’avançait plus qu’avec précaution et une défiance extrême. Il lui paraissait impossible que ce souterrain fût ignoré du commandant de la garnison. En y réfléchissant, il en vint à supposer, ce qui avait une apparence de vérité, que cette grotte avait, dans d’autres temps, été creusée à mains d’hommes, et que le gouffre dans lequel lui et ses compagnons avaient failli se précipiter, n’était autre qu’un puits destiné à alimenter la garnison en cas de siége.