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LES FRANCS TIREURS.

ne la fît pas vaciller, il la laissa tomber dans l’espace.

Au bout de quelques minutes, la corde se raidit : les conjurés, aux aguets sur la plage, l’avaient saisie.

Quelque minutes s’écoulèrent encore ; puis un homme parut, puis un deuxième, puis un troisième ; enfin, tous atteignirent la plate-forme. Au fur et à mesure qu’ils arrivaient, Lanzi les faisait entrer dans la grotte.

— Et John Davis ? demanda le Jaguar d’un ton de reproche, l’avez-vous donc abandonné ?

— Non, certes ! répondit le conjuré auquel il s’adressait et qui était monté le dernier : avant de partir, j’ai eu le soin, malgré ses réclamations, de l’attacher solidement à la corde dont plusieurs brasses font le tour de son corps. Je ne suis parvenu à vaincre son obstination qu’en lui persuadant que le poids de son corps empêcherait la corde de vaciller et rendrait mon ascension plus facile.

— Bien, merci, reprit le Jaguar. Allons, enfants, à l’œuvre ! N’abandonnons pas notre frère.

À l’ordre, ou plutôt à la prière du chef, huit ou dix hommes se placèrent sur la corde, et bientôt l’Américain fut hissé sur la plate-forme.

— À quoi bon prendre tant de peine pour moi ? dit-il : je ne puis vous servir à rien ; au contraire, je ne ferai que vous gêner et entraver vos opérations. Mieux valait me laisser mourir ; la mer m’aurait emporté en revenant et m’aurait servi de linceul.

Le Jaguar ne lui répondit pas, mais il le fit transporter dans la grotte où on l’étendit commodément.