Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
LES FRANCS TIREURS.

ment, au-dessus de cet enfoncement, le rocher formait une sorte de calotte, qui avançait en dehors et rendait ainsi l’ascension impossible. Il ne fallait pas songer à monter plus haut en ligne droite. Pendant que le Jaguar cherchait à droite et à gauche le moyen de continuer son escalade, le métis, jugeant inutile de se fatiguer, s’assit tranquillement dans le fond de la crevasse, afin de s’abriter du vent.

Le fond de cette crevasse était tapissé d’un épais rideau de broussailles, contre lesquelles Lanzi se laissa aller avec cette confiante volupté de l’homme qui est charmé de se reposer, ne serait-ce qu’une minute, après de longues fatigues. Mais les broussailles faiblirent sous son poids, et le métis tomba tout de son long à la renverse.

— Tiens ! dit-il avec ce magnifique sang-froid qui ne l’abandonnait jamais : qu’est-ce que c’est que ça ?

— Taisez-vous donc ! s’écria le Jaguar en s’approchant vivement : vous allez nous faire dépister. Qu’est-ce qui vous arrive ?

— Dame ! je ne sais pas, moi ; voyez vous-même.

Les deux hommes s’avancèrent alors, les bras étendus devant eux à cause de l’obscurité.

Vive Dios ! s’écria le Jaguar au bout d’un instant ; mais c’est une grotte !

— Cela m’en a tout l’air, répondit le métis toujours impassible.

Effectivement, cette excavation qui, de loin, paraissait une fissure étroite, cachait l’entrée d’une grotte naturelle, masquée complètement par des broussailles que le hasard y avait plantées, et qu’un