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LES FRANCS TIREURS.

Après avoir réfléchi quelques instants, il recommanda à ses compagnons de se coucher au pied du rocher afin de ne pas être renversés par le coromuel qui soufflait alors avec une violence extrême, passa deux poignards dans sa ceinture, en prit un troisième dans la main droite, et commença à examiner avec la plus scrupuleuse attention le rocher qu’il voulait attaquer.

Cette masse granitique, dont la base baignait dans la mer et était continuellement battue par la lame, n’avait jamais été analysée sérieusement par personne. Quel intérêt aurait-on eu à le faire ?

Seul le Jaguar, depuis que la pensée lui était venue de s’emparer du fort par surprise, avait, à plusieurs reprises et pendant des heures entières, essayé avec une longue-vue d’en reconnaître les anfractuosités. Malheureusement, il ne pouvait, de crainte d’éveiller les soupçons, regarder que de fort loin ; aussi, beaucoup de détails avaient nécessairement échappé à son inspection : il s’en aperçut aussitôt qu’il commença une sérieuse investigation.

En effet, cette roche qui, de loin, paraissait former une muraille entièrement droite, était creusée par place, laissait pousser même des pariétaires qui s’étaient attachées solidement aux fissures ouvertes par le temps, ce grand démolisseur qui émiette le granit le plus dur.

L’ascension était toujours extrêmement difficile, mais elle n’était pas impossible.

Le Jaguar en acquit bientôt la certitude avec un vif mouvement de joie.

— À bientôt, frères, dit-il à ses compagnons, pre-