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LES FRANCS TIREURS

n’hésita ; ils avaient fait franchement le sacrifice de leur vie ; d’ailleurs, ils étaient trop avancés maintenant pour reculer, il fallait aller en avant quand même.

Nous devons dire, à la louange des conjurés, que de tous les périls si longuement et comme à plaisir énumérés par le Jaguar, un seul les effrayait réellement.

Ce qu’ils redoutaient le plus était la rencontre d’une tintorera.

Nous expliquerons en deux mots au lecteur qui l’ignore sans doute, ce que c’est que cet animal si redoutable et qui a le privilège de donner la chair de poule à l’homme le plus brave, rien qu’en entendant prononcer son nom.

Les mers du Mexique et surtout ses côtes fourmillent de poissons dangereux parmi lesquels le requin tient une place fort honorable. Quelque terrible que soit le requin, les pêcheurs de perles mexicains, indiens pour la plupart, s’en soucient peu et le combattent bravement lorsque l’occasion s’en présente. Il en est cependant une espèce particulière qu’ils redoutent extraordinairement ; nous voulons parler de la tintorera.

La tintorera est un requin de la plus grande espèce, il doit son nom à une particularité singulière qui révèle sa présence à une assez grande distance.

Des trous placés autour du museau des tintorera distillent une matière gluante qui se répand sur tout le corps de l’animal et le rend luisant comme des mouches à feu. C’est surtout pendant les nuits d’orage, lorsque le vent souffle avec force et que le