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LES FRANCS TIREURS.

interceptant les rayons de la lune, rendaient les ténèbres plus épaisses encore.

Les conjurés passaient silencieusement dans les rues désertes de la ville comme une légion de fantômes.

Ils marchèrent assez longtemps ainsi, l’œil au guet et le doigt sur la détente du rifle, prêts à faire feu au moindre bruit suspect ; mais rien ne vint troubler leur trajet jusqu’au bord de la mer, qu’ils atteignirent après avoir fait mille circuits afin de déjouer les espions qui auraient essayé de les surveiller dans l’ombre.

L’endroit où ils se trouvaient était une petite plage sablonneuse en forme de crique, abritée de tous les côtés par des hautes falaises ; là, sur un mot du Jaguar, ils s’arrêtèrent.

Les difficultés de l’expédition allaient commencer.

Le jeune chef réunit ses compagnons autour de lui.

— Caballeros, dit-il alors à voix basse, nous allons au fort de la Pointe, qu’il nous faut enlever avant le lever du soleil ; écoutez-moi bien, faites la plus grande attention à mes paroles, et retenez mes instructions, afin que dans le cours de l’expédition nous ne soyons pas exposés à un malentendu qui, dans la situation où nous nous trouvons, serait non-seulement mortel pour nous, mais encore ferait perdre à nos compagnons, qui de leur côté tentent une expédition hasardeuse, tout le fruit de leurs travaux.

Les conjurés se rapprochèrent afin de mieux entendre.