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LES FRANCS TIREURS

cher ; entendre des bruits de marteaux et de pics, de pierres que l’on sciait, des craquements de poulies, enfin, ces mille bruits que font les maçons, les charpentiers et les forgerons lorsqu’ils travaillent.

Le pauvre marin, ne sachant à quoi attribuer ce qu’il croyait voir et entendre, se frottait les yeux pour s’assurer qu’il ne dormait pas ; il se mettait les doigts dans les oreilles, craignant, à juste titre, que tout cela ne fût qu’une illusion.

Enfin, ne pouvant plus douter, il résolut d’en avertir son capitaine, et entra dans la tente.

Comme nous l’avons dit, le comte ne dormait pas ; il se leva en toute hâte et suivit son contremaître ; puis, comme il avait la plus grande confiance dans ce digne homme qui depuis vingt ans le servait, il ne se fit pas scrupule de lui conter ce qui s’était passé entre le diable et lui, et ce qu’il lui avait promis, en ajoutant, du ton le plus insinuant qu’il put prendre, qu’il avait compté sur son attachement à sa personne pour empêcher sa fille de pénétrer le lendemain dans sa tente comme elle en avait l’habitude et pour trouver un moyen de le sortir d’embarras.

À cette confidence et surtout à la preuve de confiance qui l’accompagnait, le contre-maître devint tout soucieux ; il aimait bien son chef, cela était incontestable : vingt fois il avait risqué sa vie pour lui ; mais le digne matelot était breton, fort bon chrétien, et il ne se souciait nullement d’aller ainsi tout grouillant se fourrer dans les griffes de messire Satanas, pour une affaire qui ne le regardait nullement.

Pourtant, après quelques minutes de réflexion,