Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
LES FRANCS TIREURS.

coup : Dites donc, ajouta-t-il, vous ne pourriez pas me rendre un service ?

— Avec plaisir.

— Je vous avouerai que pendant notre conversation la nuit est venue, il fait noir comme chez vous, et j’ai une peur atroce de me rompre le cou en descendant dans la plaine.

— Vous voulez vous reposer ?

— Oui, la journée a été fatigante et je me sens envie de dormir.

— Qu’à cela ne tienne, rien n’est plus facile.

— Ainsi j’aurai demain mon château ?

Au lever du soleil, je vous l’ai promis.

— Merci, maintenant si vous voulez m’aider…

— Comment donc ? certainement ; tenez-vous ferme.

Et le diable, empoignant par le queue le cheval sur lequel le pirate était monté, le fit un instant tournoyer autour de sa tête, puis le lança à toute volée dans l’espace.

Le pirate, un peu étourdi par la rapidité de la course, tomba, sans se faire le moindre mal, à l’entrée de sa tente ; il mit immédiatement pied à terre et se prépara à prendre du repos.

Son contre-maître l’attendait pour l’aider à se désarmer.

Le comte se jeta tout soucieux sur sa couche, mais il eut beau fermer les yeux, se tourner et se retourner de toutes les façons pour tâcher de s’endormir, il lui fut impossible de trouver le sommeil.

Le contre-maître, couché en travers de la tente, veillait aussi, mais par un autre motif : il lui semblait voir des lueurs étranges courir le long du ro-