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LES FRANCS TIREURS

Et à son tour il se mit à entrer dans les plus minutieux détails.

Le vieux marin l’écoutait la bouche béante et les yeux écarquillés, ne se lassant pas de regarder la superbe forteresse dessinée sur le parchemin.

Lorsque l’architecte se tut, l’esprit bouleversé par tout ce qu’il venait d’entendre, le pirate resta un instant anéanti et cherchant à remettre de l’ordre dans ses idées.

— Et, demanda-t-il enfin avec une certaine nuance d’incrédulité, qui malgré lui perçait dans sa voix, vous vous croyez capable d’exécuter un pareil chef-d’œuvre ?

— Rien n’est plus facile.

— Mais nous manquons de pierres.

— J’en trouverai.

— Je n’ai pas de maçons.

— J’en ferai venir.

— Mais le fer, le bois, enfin toutes les choses nécessaires à une telle construction, comment les avoir ?

— Je m’en charge.

— Mais cela va me coûter horriblement cher ! dit le comte en insistant, car la peur s’emparait de plus en plus de lui.

— Peuh ! fit négligemment l’inconnu en allongeant la lèvre inférieure avec dédain, moins que rien, une misère.

— Et combien de temps vous faudrait-il pour que mon château soit terminé comme il l’est sur ce parchemin ?

— Attendez, fit l’autre en calculant sur ses doigts et en se grattant le front comme un homme qui