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LES FRANCS TIREURS.

— À l’instant.

— Mais je fais une réflexion.

— Laquelle ?

— C’est qu’il fait un peu bien noir, et que pour voir votre plan…

— Il faudrait de la lumière, n’est-ce pas, monseigneur ?

— Mais oui, reprit le pirate, je crois que nous en aurions besoin.

— Qu’à cela ne tienne, répondit l’inconnu, je vais m’en procurer. Alors, avec un grand sang-froid, il ôta la plume qui ornait son chapeau et la planta dans le rocher, où elle se mit soudain à flamboyer, ni plus ni moins que si elle eût été une torche.

Le comte fut tout ébahi de ce prodige ; mais comme, après tout, il était bon chrétien, et qu’il commençait à se méfier extraordinairement de son compagnon, il fit machinalement le geste de se signer.

L’inconnu lui arrêta le bras avec empressement.

— Ne perdons pas notre temps, monseigneur, lui dit-il.

Et tirant de dessous son manteau un rouleau de parchemin, il le déroula et le présenta au pirate qui resta en extase devant le plan magnifique qu’il voyait.

— Comment trouvez-vous cela, monseigneur ? dit l’architecte de son air moitié figue, moitié raisin.

— Sublime ! s’écria-t-il transporté d’admiration.

— Vous comprenez, reprit l’autre. Voici ce que je compte faire.