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LES FRANCS TIREURS.

cheveux se dresser d’épouvante sur sa tête et une sueur glacée perler à ses tempes.

Il se retourna.

Un homme enveloppé d’un grand manteau noir et la tête couverte d’un chapeau orné d’une longue plume rouge se tenait près de lui.

Le visage de cet homme était blafard, ses yeux brillaient d’un feu sombre, et ses lèvres pincées grimaçaient un lugubre sourire.

Le comte le considéra un instant avec étonnement : puis comme, au demeurant, c’était un brave marin qui ne redoutait rien au monde, il lui demanda d’une voix ferme qui il était et comment il se trouvait en ce lieu.

À ces deux questions, l’inconnu répondit poliment qu’il avait entendu dire que le comte de Sourdis cherchait un architecte capable de lui bâtir une belle et solide forteresse, et qu’il venait le trouver afin de traiter avec lui.

Le chef s’inclina avec courtoisie, et le dialogue suivant s’engagea entre les deux interlocuteurs.

— N’est-ce pas, maître, dit le pirate, que cet endroit est parfaitement choisi pour le projet que je médite ?

— Monseigneur, répondit l’inconnu, vous ne pouviez trouver un plus bel emplacement sur toute la côte.

Le pirate sourit avec orgueil.

— Oui, dit-il, et lorsque mon château sera bâti là, nul n’y pourra mordre.

— Sans aucun doute ?

— Tenez, continua-t-il en faisant signe à l’inconnu de le suivre, voilà ce que je compte faire.