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LES FRANCS TIREURS

n’en rapporterons qu’un qui a trait au récit que nous avons entrepris de raconter,

C’était peu de temps après l’audacieuse expédition pendant laquelle Christophe Colomb, en cherchant un nouveau chemin pour se rendre dans l’Inde, avait retrouvé l’Amérique ; la fièvre des découvertes s’était emparée de toutes les imaginations ; chacun, les yeux fixés sur ce monde nouveau qui venait de surgir comme par merveille, s’élançait vers ces régions inconnues avec toute cette fiévreuse ardeur que nous avons vue se réveiller subitement à propos des placeres de la Californie.

Parmi les aventuriers qui allaient tenter la fortune, les uns n’étaient entraînés que par l’espoir des découvertes, tandis que d’autres, au contraire, n’obéissaient qu’à la soif de l’or, et renouvelaient sur un autre théâtre les exploits fabuleux des Scandinaves, ces hardis rois de la mer dont la vie était un perpétuel combat.

Or, au nombre de ces hommes, il en était un qui avait, avec l’infortuné de La Salle, fait cette malheureuse expédition pendant laquelle il traversa le Texas dans toute sa longueur. Seulement, cet aventurier, nommé Estevan de Sourdis, se souciant peu des dangers sans profit que le brave aventurier français avait courus, et songeant au contraire à la fortune, avait, avec le bâtiment qu’il commandait, abandonné son chef et s’était mis sournoisement à écumer les côtes de la nouvelle terre si récemment découverte.

L’idée était bonne, le profit fut grand ; en quelques mois le navire de l’aventurier regorgea de richesses plus ou moins bien acquises ; seulement,