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LES FRANCS TIREURS.

d’équipage ; quant à lui, il se réserva le commandement du brick.

Puis, lorsque tout fut paré, comme on dit en marine, c’est-à-dire que l’ordre fut entièrement rétabli, le capitaine fit hisser le pavillon mexicain à la corne de la corvette qui fit immédiatement route pour donner dans la passe de Galveston.

Le capitaine retourna à son bord en emmenant avec lui El Alferez grâce à la détermination et au sang-froid duquel le gouvernement révolutionnaire texien devait d’avoir une marine.

Le résultat était beau, il dépassait même les prévisions et les espérances des insurgés, mais ce n’était pas assez ; en mettant le pied sur son navire, le capitaine ordonna que le pavillon texien fût frappé, renversé ayant au-dessus de lui les couleurs mexicaines, puis il donna l’ordre de hisser les deux pavillons à la corne.

Le brick orienta ses voiles et marcha de conserve avec la corvette, en ayant soin de se placer sous le feu de sa batterie, comme si, réellement, il avait été amariné par elle.

Les marins ne comprenaient rien à cette singulière manœuvre ; mais, comme ils avaient vu rire leur capitaine, ils se doutèrent qu’elle cachait quelque stratagème, et, malgré la honte qu’ils éprouvaient de voir leurs couleurs au-dessous de celles du Mexique, ils continrent leurs murmures dans l’espoir d’une prompte revanche.

Cependant toute la population de Galveston était depuis le matin plongée dans la plus grande anxiété ; réunie sur le môle, elle avait assisté de loin à la chasse acharnée des deux navires, puis elle les avait